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LA HRIRA

Publié le par Marie Célanie

Je suis née dans un pays musulman où j'ai grandi, moi française catholique, entourée d'autres religions, d'autres nationalités, d'autres langues. Et beaucoup de mes camarades de classe étaient musulmanes.

Nous avions une bonne, Lallah Mina.

Et les années étaient rythmées aussi bien par les fêtes religieuses catholiques que par les fêtes musulmanes, ou juives.

Et tous les ans, bien sûr, revenait le mois de Ramadan. Mois du jeûne. (Que nous rapprochions du Carême, bien moins exigeant.)

Nous apprenions ainsi que notre calendrier n'était pas unique et que si, pour nous, les fêtes revenaient à date fixe, il n'en n'était pas de même pour le calendrier musulman. C'était un calendrier lunaire! Avec des mois plus courts, je crois bien. En tout cas, la date du mois de Ramadan changeait tous les ans: elle avançait de 10 ou 15 jours chaque année. Et il fallait guetter la lune.

Tout ça n'était pas très clair pour nous, les enfants.

Ce mois si particulier s'accompagnait de nombreux changements. La vie ralentissait. Les administrations, les commerces ouvraient plus tard. Les bureaux ne travaillaient que le matin, fermant à 15heures.

Au lycée, les cours ne commençaient qu'à partir de 9h et ne duraient que 3/4 d'heure, s'arrêtant à 15 h et aucune composition n'était programmée durant cette période (à cette époque, il n'y avait pas de contrôles mais 1 composition par trimestre)

Une certaine torpeur s'installait.

Lallah Mina dormait pendant que nous mangions à midi, et partait très tôt rejoindre sa famille.

Mais c'était aussi le mois de la gourmandise!

Notre chère vieille Lallah Mina, nous ramenait des chabaklias dégoulinants de miel, des crêpes épaisses qu'on mangeait tartinées de beurre et de miel en buvant du thé à la menthe, parfois des mantecaos ou des sablés aux amandes ou des cornes de gazelle. Dans une marmite maintenue fermée par des torchons, et qu'elle posait sur sa tête, elle nous apportait, depuis le Derb Jdid où elle habitait, la Hrira, la soupe du Ramadan, dont le goût et l'odeur me suivent encore.

On la réchauffait et on la dégustait brûlante avec du pain frais, rond, la kesra.

Tous ces souvenirs se sont estompés, mais pas le goût de la Hrira.

En ce mois de jeûne et de partage, je vous invite à partager avec moi ce souvenir gastronomique marocain : La Hrira

 

 

LA HRIRA

Pour préparer la hrira, il vous faudra d'abord couper en petits morceaux de la viande de mouton, grasse et riche en os.

Dans un faitout, faites chauffer du beurre et de l'huile et faites dorer rapidement les morceaux de mouton en les parfumant avec du cumin, du piment rouge en poudre, du gingembre, de la cannelle, du curcuma, du sel et du poivre.

A la place de la viande, et dans la même graisse, faites fondre des oignons hachés et des tomates fermes, goûteuses et juteuses, et le cœur d'un céleri branche haché menu, lui aussi.

Ajoutez les pois chiches que vous aurez fait tremper toute la nuit et épluchés pour les débarrasser de leur membrane transparente, puis les lentilles.

Assaisonnez -les des mêmes épices que précédemment avec un bouquet de coriandre fraîche et 1/2 bouquet de persil plat hachés finement. Puis couvrez d'eau. salez, poivrez, remettez la viande dans le faitout, ajoutez du safran et du colorant jaune, couvrez et oubliez pour 1 heure ou deux.

Passé ce temps, rectifiez l'assaisonnement si besoin, ajoutez de la farine délayée avec de l'eau et un jus de citron. laissez épaissir. Terminez par un bouquet de coriandre fraîche hachée, déposée à la surface. couvrez et laissez infuser.

 

Une autre façon de procéder consiste à verser dans le beurre et l'huile chauds, tous les ingrédients à la fois, ajouter l'eau et laisser cuire. Ajouter la farine, le citron à la fin de la cuisson.

 

A manger brûlant, avec du pain et en buvant de l'eau!!!

 

Bon appétit!

 

©Marie Célanie

 

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