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Petites annonces et grands sentiments

Publié le par Marie Célanie

PETITES ANNONCES ET GRANDS SENTIMENTS

 

Annonce :

"Encore jeune. Encore beau. Toujours seul.

Aimerait rencontrer

Une

Encore jeune. Encore belle. Seule au monde

Pour une heure, pour un jour, pour cent ans

Pour une main, pour demain, pour jamais"

 

Réponse

"Femme de 50 ans, encore jeune dans sa tête et dans son corps. Pratiquant l'aquagym. Je ne vis pas sur une île déserte, mais parents décédés et sans enfants. Je n'ai à ce jour pas d'attache familiale.

Intéressée par une rencontre afin de partager notre définition de la jeunesse et de la beauté, et découvrir ensemble si la solitude seule peut laisser place à une solitude partagée, mais pas enfermante.

Pour une heure, pour un jour, pour toujours."

 

 

Le rendez-vous (Première partie)

 

La réponse à son annonce (la seule qu'il eût reçue) l'avait un peu déçu. 50 ans... encore jeune.... optimiste , la dame! De plus, son style froid et terre à terre, l'avait rebuté. Et puis, l'aquagym, il s'en foutait. Il lui avait quand même donné rendez-vous, dans ce café où il avait ses habitudes : 15h30, avec un numéro de Paris-Match comme signe de reconnaissance.

Il l'attendait. Comment serait-elle? Grande? Petite? Blonde? Brune?

Chaque fois que la porte d'entrée en s'ouvrant faisait tinter la sonnette, il sursautait. Serait-ce elle? Mais les rares femmes qui entraient l'ignoraient et passaient, sûres d'elles.

Enfin, une hésita, avançant à petits pas. Reconnaissant le magazine, posé sur la table, elle fonça vers lui, la main tendue, sanglée dans un imperméable blanc, ceinturé, boutonné jusqu'au cou.

 "Etienne? Je suis Simone. Enchantée"

Elle avait l'air de l'être, enchantée. Il l'observa derrière ses verres épais de myope. Elle souriait. Elle était blonde. Mais, à son âge ce devait être une teinture. D'ailleurs, ses sourcils étaient bruns. Elle se tenait bien droite, plantée sur ses jambes épaisses, la silhouette un peu courtaude, un gros sac noir à la main.

Il eut beau respirer, humer, aucun effluve de parfum ne lui parvint. Juste un vague relent de savonnette. Parfum? voyons...violette, sans doute. Trop sucré.

Elle s'assit face à lui, croisant ses deux mains grassouillettes sur le fermoir de son sac au cuir craquelé. Avec un profond soupir de soulagement, elle s'écria :"Ah! Bon sang! Quel trajet! J'en ai eu du mal à vous trouver, dites donc! Je suis toute en nage! Je boirais bien une petite bière bien glacée!"

Certes, il était seul, mais pas à ce point tout de même! Il ne savait plus que dire, que faire. Il avait espéré une créature de rêve, une sirène soyeuse et parfumée, au corps parfait, à la voix mélodieuse, qui lui aurait murmuré des mots tendres à l'oreille. Il en aurait pleuré.

Elle buvait sa bière à longues gorgées. Un silence emprunté s'installa.

Elle se pencha vers lui "Vous savez, j'ai beaucoup hésité à vous répondre... Votre annonce était si étrange..." Sa voix s'était faite douce et timide "Cela m'a attirée, mais je vois que vous êtes déçu. Je comprends. Mais cela m'aura fait rêver" Elle se levait pour partir. "Attendez. Attendez. faisons connaissance. on verra bien"

Et il manœuvra habilement son fauteuil roulant pour aller l'embrasser. Sur la joue.

 

Le rendez-vous (Deuxième partie)

Elle s'amusait à lire les petites annonces de Libé. Elle n'y répondait jamais. Cependant, quand elle lut celle-ci, elle fut touchée. L'homme qui avait écrit ces quelques mots devait être d'une grande sensibilité. Elle répondit. Avec précaution, d'une manière plus traditionnelle, à contrepied de l'inconnu. Pourquoi? Elle ne se l'expliquait pas : pudeur?

Bref, il lui avait donné rendez-vous aujourd'hui, à 15h30, dans un café. Le Bar Sympa. Il aurait un numéro de Paris-Match devant lui. Elle en avait été surprise : Paris-Match... pas ce qu'il y a de plus poétique.

Il faisait beau et chaud et elle avait eu du mal à trouver le café, tout petit, serré entre une boulangerie et un marchand de journaux, peu avenant. Elle poussa la porte, déclenchant une sonnerie aigrelette. Il faisait sombre à l'intérieur et il lui fallut quelques minutes pour que ses yeux s'habituent à la pénombre. La salle, petite, était toute en longueur, étroite, avec quelques tables sur la droite et un bar mal éclairé sur la gauche. Quelques clients éparpillés. La musique d'un Juke Box. Il flottait un remugle de bière, de tabac froid et de savon noir. Elle avança, apercevant le magazine sur une table ronde, marquée par les traces laissées par les verres et les brûlures de cigarettes.

Elle tendit la main vers l'homme assis là, et qui ne se donna pas la peine de se lever pour se présenter : "Etienne? je suis Simone. Enchantée"

Elle vit qu'il la détaillait sans retenue. Il devait se croire à l'abri derrière les verres épais de ses grosses lunettes. Embarrassée, elle s'écria " Ah! Bon sang! Quel trajet! J'en ai eu du mal à vous trouver, dites donc! Je boirais bien une petite bière bien glacée!"

Tout en buvant sa bière à longues gorgées, elle l'examina.

Encore beau? Oui. Mais d'une beauté fanée, usée. Le visage marqué de rides séduisantes, mais profondes. Encore jeune? Oui. Mais plus pour longtemps. Ses cheveux blonds qui lui retombaient sans grâce sur les yeux, blanchissaient et s'éclaircissaient. Sa peau était terne, presque grise. Toujours seul? ça, c'était clair : des taches fraiches, (sauce tomate?), parsemaient sa chemise froissée, et le col de sa veste était couvert de pellicules.

Elle se savait laide et s'acceptait comme telle: quelconque, trop ronde, trop petite. Cela ne l'empêchait pas de vivre. Ni de rencontrer des hommes. Et si elle n'attendait pas d'un homme qu'il fût un Adonis, elle n'aurait pas supporté un homme qui se négligerait. Elle évita de se pencher vers lui, redoutant les odeurs qui pourraient lui parvenir. Il aurait été étonnant qu'il soit parfumé avec Eau Sauvage, ce parfum qu'elle aimait sentir sur les hommes, depuis qu'avec sa cousine, elles avaient suivi un inconnu portant ce parfum pendant une après-midi entière, gloussant et ricanant, comme les deux gamines qu'elles étaient.

Peut-être aurait-il fallu prendre le temps de le connaître pour comprendre  où se cachait la délicatesse qui lui avait fait écrire son annonce. Mais elle n'en avait aucune envie. Il ne lui plaisait pas. D'une voix douce, elle lui dit :" "Vous savez, j'ai beaucoup hésité à vous répondre... Votre annonce était si étrange...elle m'a attirée, mais je vois que vous êtes déçu. Je comprends. Mais cela m'aura fait rêver" Elle se levait pour partir. "Attendez. Attendez. Faisons connaissance. On verra bien"

Il se rapprocha d'elle en manœuvrant son fauteuil roulant.

Infirme en plus! Elle partit sans un regard en arrière.

©Marie Célanie

 

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Promenade autour du Mont Valérien

Publié le par Marie Célanie

Le Mont Valérien, promenade du dimanche, quand il fait beau et froid
Le Mont Valérien, promenade du dimanche, quand il fait beau et froid
Le Mont Valérien, promenade du dimanche, quand il fait beau et froid
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Le Mont Valérien, promenade du dimanche, quand il fait beau et froid

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